Pollution des océans : une première estimation globale des plastiques flottants

Publiée dans le journal PLoS ONE le 10 décembre, une étude coordonnée par l'institut 5 Gyres à laquelle l'Ifremer est associée, révèle que l'ensemble de la pollution de la surface des océans est évaluée à 5,25 mille milliards de particules, soit 269 000 tonnes de plastique. Cette étude, la plus complète à ce jour, compile les résultats de 6 ans de travaux et prélèvements effectués sur une distance parcourue de 50 000 milles nautiques. Grâce à cette première estimation globale de la pollution par les plastiques flottants, l'équipe internationale impliquée dans le projet a pu conclure que les plastiques et microplastiques sont présents sur l'ensemble de l'océan mondial.

Initiée par le Docteur M. Erikssen de l'institut 5 Gyres et associant des équipes de 6 pays, dont la France à travers la participation de l'Ifremer, cette étude avait pour objectif de disposer de données sur l'ensemble de l'océan mondial afin d'évaluer l'importance de la pollution par les plastiques et les risques associés.

Les chercheurs ont assemblé, modélisé et analysé les données issues de 24 campagnes océanographiques réalisées ces 6 dernières années. Ils ont utilisé des filets de surface pour l'étude des microplastiques et l'observation visuelle pour les plastiques de plus grande taille.

D'après leurs résultats, toutes les zones océaniques, y compris les plus éloignées, sont touchées. Si les densités de plastiques dans les zones de convergence ou gyres océaniques1 sont plus faibles qu'attendues ou décrites précédemment, les zones côtières, notamment la Méditerranée, sont très affectées.

Les chercheurs en concluent que les zones de convergence océaniques ne sont pas des zones d'accumulation permanentes mais des lieux de transfert, de transformation et de redistribution des plastiques flottants en raison des phénomènes de dégradation par divers mécanismes et des mouvements des eaux.

Martine Thiel, co-auteur des travaux, précise : "on aurait pu s'attendre à des quantités plus importante de particules de petites tailles mais de manière surprenante, l'étude montre qu'elles représentent 90 % du nombre total des plastiques flottants mais seulement 10 % du poids total, c'est 100 fois moins qu'attendu.".

Markus Erikssen indique que "malheureusement, avec une répartition mondiale, les effets de ces particules touchent tous les écosystèmes océaniques, y compris les organismes marins notamment les filtreurs, le zooplancton et les organismes vivants dans les sédiments. Ils peuvent également concentrer les polluants organiques et altérer le fonctionnement des chaînes alimentaires".

Francois Galgani de l'Ifremer, co-auteur des travaux, précise que "ces plastiques flottants peuvent favoriser un transport d'organismes marins sur des longues distances avec des conséquences très mal connues à l'heure actuelle".

L'institut 5 Gyres dont les actions sont basées sur des travaux de recherche, encourage l'industrie à maîtriser l'ensemble du cycle de leurs produits. En lien avec des agences gouvernementales, des associations et les compagnies responsables, 5 Gyres veut favoriser les polymères biodégradables. " Il paraît essentiel de favoriser l'utilisation de produits innovants pour le remplacement des objets à usage unique. La bonne nouvelle est que l'arrêt des apports permettrait une dégradation dans le temps des plastiques présents et la diminution du problème. Il est temps de traiter ce problème à la source afin d'entrer dans une démarche de restauration et de responsabilité " précise Marcus Erikssen.

 1. Les gyres océaniques sont de gigantesques tourbillons d'eau océanique de surface formés par les courants marins.