Rapport annuel 2013 de l'Ifremer

Avant-propos

L'année 2013 aura été pour l'Ifremer une année placée sous le signe de la préparation de l'avenir. L'institut a ainsi mené la révision de son plan stratégique. Ce travail, fruit d'une large concertation interne, clarifie le positionnement de l'institut. Présenté en juin au conseil d'administration, ce nouveau plan stratégique a été la base du travail mené pour la contractualisation future avec l'État.

L'Ifremer est un organisme de recherche. C'est dire à quel point les moments où il se soumet à une évaluation extérieure et où il définit ses orientations stratégiques sont des rendez-vous importants. En effet, l'excellence ou la pertinence scientifique ne se décrète pas ; elle se démontre sous l'œil extérieur des pairs. Les années 2012 et 2013 ont été l'occasion d'un passage en revue d'une très large part des unités de recherche de l'institut et d'un examen d'ensemble de la politique scientifique de ce dernier. Cette évaluation de l'institut, menée par l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Aeres), souligne la qualité des travaux menés, la reconnaissance internationale des équipes, la capacité à couvrir de manière intégrée le champ des sciences marines et à se déployer sur un large spectre d'activités, allant de la recherche académique à l'appui aux politiques publiques. Elle met aussi en évidence des pistes de progrès : vigilance quant à la possible dispersion des travaux et recherches, conséquence directe des multiples sollicitations auxquelles doit répondre l'Ifremer, insuffisante formalisation de la doctrine en matière de transfert de valorisation. Ces conclusions inspireront les évolutions à venir de l'institut, qui s'appuieront sur la très forte motivation des équipes, elle aussi soulignée par l'Aeres. Autre illustration de ce dynamisme : en 2013, plus de quatre cent cinquante publications scientifiques référencées au niveau mondial dans le Web of Science sont issues de l'Ifremer ; elles n'étaient que deux cent soixante-seize en 2000.

L'année a aussi vu la préparation par les unités de recherche de la région Languedoc-Roussillon de leurs nouveaux projets, qui démarreront en janvier 2015. Ce sera l'occasion de changements importants pour l'Ifremer. Trois laboratoires jusqu'ici distincts (le laboratoire Environnement Ressources de Sète, le laboratoire de recherche halieutique de l'actuelle UMR Écosystèmes marins exploités de Sète et l'équipe Biologie des organismes marins exploités de l'actuelle UMR Intensification raisonnée pour une pisciculture durable à Montpellier) ont décidé de se regrouper au sein d'une future unité mixte de recherche associant le CNRS, l'IRD et l'université de Montpellier II, qui constituera un pôle régional majeur dans le domaine des sciences marines.

L'année 2013 aura également connu l'évaluation de l'institut Carnot Edrome, formé au sein de l'Ifremer. Cette expertise a souligné à la fois l'excellent niveau atteint par l'institut, avec la satisfaction des objectifs initialement impartis, mais aussi une réelle capacité de ressourcement scientifique.

La position de l'Ifremer à l'interface entre recherche et appui aux politiques publiques l'amène à intervenir en appui de la puissance publique dans la gestion des crises, comme pour l'épisode de surmortalité d'huîtres, qui a touché cette année non seulement les juvéniles, mais aussi les adultes. L'institut a été sollicité tant dans le domaine de la collecte d'information que dans celui de la recherche, avec la caractérisation des effets de la bactérie Vibrio aestuarianus associée aux mortalités d'huîtres adultes. Ce volet des travaux de l'institut est exemplaire à la fois de la pertinence de son approche, des difficultés associées et des précautions à prendre : le caractère sensible du sujet soumet les équipes à des débats nourris. Face à ces controverses, il incombe à l'institut de restituer jour après jour la connaissance dont il dispose, en explicitant comment elle se bâtit sur le long terme et quelles sont ses incertitudes. C'est une ascèse alors que le secteur professionnel concerné est en attente, de façon bien compréhensible, de réponses définitives et immédiates qui ne sont pas disponibles.

Dans le domaine de l'appui aux politiques publiques, l'institut a largement contribué à l'élaboration du programme de surveillance voulu par la directive cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM). S'appuyant sur ses recherches, l'institut identifie les paramètres et les processus de contrôle et de surveillance de l'environnement marin. Il est ainsi en situation de définir au mieux l'outil le plus performant pour répondre aux attentes de la puissance publique, tout en faisant valoir ce que sont ses responsabilités et son champ d'intervention. Un tel processus devrait faire école.

L'Ifremer, l'un des quatre organismes fondateurs de l'unité mixte de services Flotte océanographique française, a contribué en 2013 à l'élaboration conjointe d'un plan pluriannuel d'évolution de la flotte, afin que celle-ci continue à soutenir une recherche de qualité. C'est la première fois que les quatre opérateurs de flotte finalisaient ainsi une telle synthèse.

L'année aura aussi été une période de transition pour la direction de l'institut. Jean-Yves PERROT a quitté la présidence de l'Ifremer en août 2013 après avoir dirigé l'institut pendant près de huit ans. Qu'il soit ici remercié de son action.

Enfin, le dernier trimestre de l'année 2013 aura permis d'entrer dans la préparation du futur contrat d'objectifs entre l'État et l'Ifremer. Un bilan d'ensemble de la situation de l'institut a été dressé, des pistes de progrès et des priorités identifiées, qui nourrissent le texte du futur contrat qui sera soumis aux ministres de tutelle de l'institut en 2014. Ce contrat est avant tout un outil et non une solution. Il est l'occasion d'un partage entre les ministères et le personnel de l'institut. Il offre une opportunité de concentrer les efforts de l'institut sur ses domaines d'intervention essentiels, de développer ses partenariats, de clarifier les attentes et de faire en sorte qu'elles soient en adéquation avec les ressources. À nous de fixer ce cap, de relever collectivement les nombreux défi s qui se profilent et de bâtir ainsi l'Ifremer des dix prochaines années.

François JACQ
Président-directeur général de l'Ifremer